J’ai essayé de lui sourire, de jouer la fille qui veut se rendre agréable.

 

Stan Davis a agité la main, presque trop vite pour que je puisse apercevoir son geste, et en une fraction de seconde, tous les vampires présents ont disparu. Tous, sauf Bill et lui, bien entendu. Je n’avais pas besoin de regarder Bill pour savoir qu’il se tenait debout, adossé au mur, prêt à intervenir à la moindre alerte. J’ai pris une profonde inspiration. Il était temps de passer aux choses sérieuses.

— Comment ça va, Bethany ? ai-je demandé à la fille, en m’efforçant de prendre un ton bienveillant.

— Comment savez-vous mon nom ? s’est-elle écriée, affolée, en se redressant brusquement sur son siège.

Elle était assise sur une chaise à roulettes. D’un coup de pied, je l’ai fait tourner pour la diriger face à celle dans laquelle je prenais place. Stan présidait toujours, en bout de table. Je pouvais l’apercevoir du coin de l’œil, derrière moi, sur ma gauche.

— Je sais pas mal de choses sur toi, Bethany, ai-je repris d’une voix qui se voulait chaleureuse, avec un petit côté paternaliste censé la rassurer.

J’ai alors commencé à piocher des pensées au hasard dans son esprit, comme on cueille des pommes sur un arbre.

— Tu avais un chien baptisé Ouaf quand tu étais petite, et ta mère fait les meilleurs gâteaux à la noix de coco du monde. Un jour, ton père a tellement perdu au poker que tu as dû mettre ta Playstation au clou pour l’aider à rembourser ses dettes de jeu, sans que ta mère s’en rende compte.

Elle était bouche bée.

— C’est dingue ! s’est-elle exclamée. Vous êtes aussi calée que le médium de la télé, celui de la pub !

Pendant un instant, elle avait complètement oublié le danger qu’elle courait.

— Je ne suis pas médium, Bethany. Je suis télépathe, ai-je rectifié un peu sèchement. Ça veut dire que je peux lire dans tes pensées. Même celles dont tu n’as absolument pas conscience. Maintenant, je vais t’aider à te détendre, puis tu vas essayer de te souvenir de cette fameuse soirée où tu travaillais au bar. Pas hier, mais il y a cinq jours.

J’ai consulté Stan du regard. Il a hoché la tête en silence.

— Mais je ne pensais pas du tout aux gâteaux de ma mère ! a protesté Bethany, encore sous le choc de mes révélations.

J’ai réprimé un soupir.

— Tu ne t’en es peut-être pas aperçue, mais tu y as bel et bien pensé. Ça t’a traversé l’esprit quand tu as regardé cette vampire très pâle, Isabeau. Son visage était si blanc que ça t’a rappelé le glaçage des gâteaux de ta mère. Et, du coup, tu as repensé à ton chien qui te manquait tellement, puis à tes parents auxquels tu t’es dit que tu devais manquer aussi.

Les mots étaient à peine sortis de ma bouche que j’ai compris que j’avais commis une erreur. Et ça n’a pas raté : elle s’est remise à pleurer.

— Mais... mais alors ? Qu’est-ce... qu’est-ce que vous me voulez ? a-t-elle bégayé entre deux reniflements sonores.

— Je suis là pour t’aider à te souvenir, Bethany.

— Mais vous avez dit que vous n’étiez pas médium.

— Et je ne le suis pas.

Vraiment ? Par moments, je me demande s’il n’y a pas un peu de ça dans mon « don » (puisque c’est ainsi que les vampires considèrent mon infirmité de naissance. Quant à moi, j’y avais toujours vu une malédiction, jusqu’à ce que je rencontre Bill).

 

— En touchant des objets, les médiums parviennent à obtenir des informations sur leurs propriétaires. Certains ont des visions du passé ou de l’avenir. D’autres communiquent avec les morts. Moi, je suis télépathe. Je lis dans les pensées des gens. Théoriquement, il n’est pas impossible que je puisse aussi leur en envoyer, mais je n’ai encore jamais essayé.

Maintenant que j’avais rencontré un confrère – le jeune Barry –, l’idée me paraissait tentante. Mais j’y réfléchirais plus tard. Il fallait d’abord que je me concentre sur l’affaire en cours.

Je n’aurais jamais envisagé de lire volontairement dans les pensées des gens, avant. Je passais même le plus clair de mon temps à essayer de m’en empêcher par tous les moyens. Et ce, depuis que j’avais pris conscience de cette étrange particularité qui m’empoisonnait l’existence. Accepter d’en faire un métier représentait donc un sacré changement. Mais, pour l’instant, c’était mon boulot, et je n’avais pas intérêt à me tromper. Il y avait de fortes chances pour que la vie de Bethany dépende de ma réussite. Quant à la mienne, c’était quasiment garanti sur facture.

— Écoute, Bethany, voilà ce qu’on va faire : tu vas essayer de te rappeler cette soirée, et moi, je vais te suivre. Tu vas m’emmener dans tes souvenirs.

— Ça va faire mal ?

— Pas du tout.

— Et après ?

— Eh bien, après, tu partiras.

— Je pourrai rentrer chez moi ?

— Bien sûr.

Avec une mémoire légèrement revue et corrigée, de laquelle toute trace de cette charmante petite conversation serait effacée. Cadeau de la maison.

 

— Ils ne vont pas me tuer ?

— Certainement pas.

— Vous le jurez ?

— Je le jure, ai-je répondu en réussissant à lui sourire.

— Bon, alors... d’accord.

J’ai fait légèrement pivoter sa chaise pour qu’elle ne voie pas Stan par-dessus mon épaule. Je ne savais pas ce qu’il fabriquait dans mon dos, mais je ne croyais pas que le spectacle de son visage livide fût de nature à la détendre.

— Vous êtes jolie, vous savez, a-t-elle tout à coup murmuré.

— Merci, Bethany. Toi aussi, tu es jolie. Et puis, tutoie-moi, tu veux ? Sinon, j’ai l’impression que tu me prends pour l’inspecteur des impôts un jour de contrôle fiscal.

Ça l’a un peu déridée : je venais de marquer un point. C’est vrai qu’elle était jolie. Enfin, elle devait l’être, en temps normal. Elle avait une bouche un peu trop petite, mais certains hommes devaient trouver ça séduisant : ça donnait un peu l’impression qu’elle offrait ses lèvres en permanence, comme si elle réclamait un baiser. Elle avait une longue chevelure noire, épaisse et lisse. Elle était mince, mais un peu plate. Maintenant qu’une autre femme la regardait, elle pensait à ses vêtements froissés et à son maquillage qui avait coulé.

J’ai pris ses mains dans les miennes.

— Ne t’inquiète pas, tu es très bien comme ça, ai-je dit pour la rassurer. Maintenant, on va juste se tenir les mains une minute. Et je te jure que je n’essaie pas de te draguer.

Elle a pouffé, et j’ai senti la tension de ses doigts se relâcher. J’en ai profité pour entamer la séance.

À vrai dire, ce n’était pas vraiment nouveau pour moi. Bill m’avait encouragée à développer mes dons de télépathe et, au lieu d’essayer de les oublier ou d’éviter de les utiliser, je m’étais entraînée. Les serveurs du Croquemitaine m’avaient servi de cobayes. J’avais notamment découvert que je pouvais hypnotiser les gens en un clin d’œil. Je n’en profitais pas pour les manipuler ou leur donner des instructions. Cela me permettait juste de me glisser dans leur esprit avec une facilité déconcertante. Lorsque vous pouvez lire dans les pensées des gens, vous savez ce qui les détend vraiment, si bien que les plonger dans une sorte de transe devient un vrai jeu d’enfant.

— Qu’est-ce que tu t’offres quand tu veux te faire un petit plaisir, Bethany ? ai-je demandé d’une voix douce. Est-ce que tu te paies un massage, de temps en temps ? Ou peut-être que tu aimes te faire faire une manucure ?

Tout en posant ces questions, je m’immisçais lentement dans son esprit. Il fallait que je choisisse le meilleur moyen pour atteindre mon but.

Tu es chez le coiffeur, lui ai-je suggéré de cette même voix douce et monocorde. Et ton coiffeur préféré... Jerry, s’apprête à te laver les cheveux. Il les a d’abord soigneusement brossés, et maintenant, ils sont parfaitement démêlés. Il incline ta tête en arrière dans le bac et il les étale soigneusement. Il les trouve si beaux, si soyeux... Il compte bien prendre son temps pour les laver, les rincer, avant de te masser le cuir chevelu pour faire pénétrer la crème... Il adore s’occuper de tes cheveux. Ils sont si brillants, si épais. Il fait couler l’eau, qui ruisselle dans le bac comme une berceuse à ton oreille. Tu sens ses doigts se glisser dans tes cheveux. Après le shampooing, il te fait un masque pour les rendre encore plus beaux... L’eau coule ; tu sens ses doigts... Mmm ! Un vrai bonheur ! C’est tellement agréable d’être assise là et d’avoir quelqu’un qui ne s’occupe que de toi. Il n’y a personne et...

Aïe ! Une réaction de crainte. J’avais bêtement éveillé sa méfiance. Je me suis aussitôt rattrapée.

— Enfin, juste les clientes du salon et les autres coiffeurs. Ils sont tous très occupés. L’un d’eux s’active avec le séchoir, et tu entends à peine les murmures provenant des autres fauteuils. Tu ne perçois que les doigts de Jerry qui te massent, lentement, lentement...

Je ne sais pas ce qu’un hypnotiseur professionnel dirait de ma méthode, mais elle a marché (cette fois, du moins). Bethany avait l’esprit en paix, libre, vacant. Il ne me restait plus qu’à lui donner quelque chose à faire.

— Pendant que Jerry s’occupe de tes cheveux, on va aller se promener du côté de cette fameuse nuit au club, ai-je poursuivi. Mais il va continuer à te masser, ne t’inquiète pas. Disons que tu te prépares pour aller travailler. Fais comme si je n’étais pas là. Tu entends ma voix, mais ce n’est pas plus qu’un murmure. Il vient sans doute d’un des fauteuils voisins. Tu ne comprends même pas ce que je dis, à moins que je ne t’appelle par ton prénom.

Il était temps, à présent, de plonger plus profondément dans la mémoire de Bethany.

Elle était dans son appartement. C’était un petit deux-pièces bien rangé qu’elle partageait avec une autre employée de La Chauve-Souris, une certaine Désirée Dumas. Vue à travers le regard de Bethany, Désirée semblait aussi superficielle que son nom de roman-photo : une sorte de sirène siliconée, un peu trop ronde et un peu trop blonde, mais fière de son pouvoir de séduction sur lequel elle n’avait, quant à elle, absolument aucun doute.

Suivre Bethany dans cette aventure revenait un peu à regarder un film – une très mauvaise série B. Elle avait presque une trop bonne mémoire : aucun détail ne lui échappait. En laissant de côté les épisodes les plus barbants (comme sa dispute avec Désirée sur les mérites de différentes marques de mascara), voilà à quoi ressemblaient les souvenirs de Bethany : elle s’était préparée pour aller travailler et s’était rendue en voiture avec Désirée au club. Désirée travaillait dans la boutique cadeaux de La Chauve-Souris. Vêtue d’un bustier rouge lacé et de cuissardes noires, elle troquait des souvenirs à la sauce vampire contre de gros billets. Elle posait aussi avec de fausses canines pour les touristes, en échange d’un honnête pourboire. Bethany, elle, n’était qu’une simple serveuse. Ça faisait plus d’un an qu’elle guettait l’occasion de travailler à la boutique cadeaux. Elle ne se ferait pas de gros pourboires, comme Désirée, mais elle gagnerait quand même plus qu’au bar – le salaire de sa colocataire était nettement supérieur au sien. Et puis, au moins, elle pourrait s’asseoir lorsqu’il n’y aurait pas de clients. Pour l’heure, elle en était toujours au même point et ne pouvait que ronger son frein. Et envier Désirée. Ça n’avait aucun intérêt, mais je l’ai quand même dit à Stan, comme s’il s’agissait d’une information cruciale.

Je ne m’étais jamais immiscée si loin dans l’esprit de quelqu’un. J’essayais bien de trier les souvenirs de Bethany au fur et à mesure, mais je n’y arrivais pas. Bethany était parfaitement détendue, toujours dans son salon de coiffure. Elle avait une excellente mémoire visuelle et était aussi profondément plongée que moi dans cette soirée fatidique au club.

Dans son esprit, Bethany n’avait servi du sang de synthèse qu’à quatre vampires : une femme à la chevelure flamboyante, une petite Latino boulotte aux yeux de braise, un adolescent aux cheveux blonds couvert de tatouages bizarres et un grand type brun à la mâchoire prognathe avec une bolo tie, la fameuse cravate de cow-boy que Stan avait comparée à un lacet. Enfin ! L’image de Farrell était donc imprimée dans le cerveau de Bethany. Mais il ne fallait surtout pas que je me laisse submerger par la surprise et la jubilation que j’éprouvais. Au contraire, je devais redoubler d’attention et diriger Bethany avec plus de fermeté.

Je me suis penchée vers elle et je lui ai murmuré à l’oreille :

— C’est lui, Bethany. Qu’a-t-il fait ? Essaie de te souvenir.

— Ah ! Lui ! s’est-elle exclamée d’une voix forte.

Je m’y attendais si peu que j’ai sursauté. Bethany s’était mentalement tournée vers Farrell pour l’examiner de plus près. Elle lui avait servi deux verres de O positif, et il lui avait laissé un joli pourboire.

Elle était si concentrée qu’elle fronçait les sourcils, focalisant toute son attention sur la question que je lui avais posée. Elle faisait vraiment des efforts et passait en revue tous les détails de la soirée en accéléré pour ne retenir que ceux qui concernaient le vampire que je lui avais désigné.

— Il est allé aux toilettes avec le jeune blond, a-t-elle dit très distinctement, comme si elle était consciente d’être soumise à un interrogatoire et tout à fait disposée à y répondre.

J’ai alors vu apparaître, dans son esprit, le vampire blond tatoué. L’évocation en était tellement précise que, si j’avais été douée pour le dessin, j’aurais pu faire son portrait.

Je l’ai aussitôt décrit à voix basse à l’intention de Stan :

— Un jeune vampire. Peut-être quinze ou seize ans. Cheveux blonds. Tatoué.

J’ai alors cru surprendre une lueur d’étonnement dans le regard de Stan. Mais je ne m’y suis pas attardée. J’avais déjà assez de choses à contrôler en même temps, entre le tri qu’il me fallait opérer parmi les souvenirs de Bethany, l’état second dans lequel je devais la maintenir, les ordres que je lui donnais pour la guider, le compte rendu que je faisais en simultané... Un véritable exercice d’équilibriste. Mais il me semblait bien avoir vu une expression de surprise passer sur le visage du vampire. Bizarre...

— Tu es sûre que c’était un vampire, Bethany ?

— Il a vidé sa bouteille de sang, a-t-elle répondu sans ciller. Et puis, il était pâle comme un mort. Rien qu’à le regarder, il me filait la chair de poule. Oui, j’en suis sûre.

Et il avait entraîné Farrell dans les toilettes du club ? Ça me paraissait louche. Les vampires n’avaient aucune raison d’aller dans ce genre d’endroit, sauf s’ils voulaient coucher avec un humain ou lui sucer le sang, ou (le summum pour eux) les deux à la fois.

Je me suis de nouveau immergée dans l’esprit de Bethany, replongeant avec elle dans ses souvenirs. Elle servait d’autres clients. Je les ai dévisagés un à un. La plupart avaient tout du touriste de base : aucune inquiétude de ce côté-là. Pourtant, l’un d’eux me disait quelque chose. C’était un type plutôt basané avec une grosse moustache. J’ai jeté un coup d’œil à ses compagnons : un grand maigre avec des cheveux blonds qui lui arrivaient aux épaules, et une femme trapue avec la pire coupe de cheveux que j’aie vue depuis que le punk était passé de mode.

J’aurais bien posé deux ou trois questions à Stan, mais il fallait d’abord en finir avec Bethany.

J’ai repris ma voix doucereuse d’hôtesse de l’air pour lui demander :

— Est-ce que tu l’as vu ressortir des toilettes, Bethany ? Celui qui ressemblait à un cow-boy, je veux dire.

Elle n’a pas répondu tout de suite.

— Non. Je ne l’ai pas revu.

J’ai cherché des blancs dans sa mémoire, mais je n’ai rien trouvé. Et elle se donnait du mal, pourtant. Je sentais les efforts qu’elle faisait pour tenter de retrouver une image de Farrell qu’elle aurait oubliée. Des efforts d’ailleurs trop intenses pour qu’elle reste longtemps dans l’état second dans lequel je l’avais plongée. Je commençais à perdre le contrôle. Il fallait faire vite.

— Et le petit blond, Bethany ? L’ado couvert de tatouages ?

Elle a réfléchi un moment. Elle était presque lucide, maintenant.

— Je ne l’ai pas revu non plus.

C’est alors que quelque chose lui est passé par la tête : un nom. J’ai réagi aussitôt, de peur qu’elle l’oublie. Mais j’ai essayé de parler toujours aussi doucement, calmement, pour ne pas l’effrayer.

— C’était quoi, ça, Bethany ?

— Rien ! Rien !

Elle avait les yeux grands ouverts, à présent. Sa petite séance au salon de coiffure était terminée. Ma technique n’était pas encore très au point.

Elle cherchait à protéger quelqu’un. Elle ne voulait pas qu’il lui arrive ce qu’elle avait enduré. Dommage pour elle ! Elle s’efforçait avec tant de force de chasser ce nom de son esprit qu’elle ne cessait de le répéter. Autant dire qu’elle me l’a donné. Je ne comprenais pas bien pourquoi elle pensait que cet homme savait quelque chose. Ce n’était pas très clair dans son esprit non plus. Pourtant, elle en était certaine. A quoi cela m’aurait-il servi de crier sur les toits que j’avais percé son secret, sinon à la stresser encore plus qu’elle ne l’était ? Elle aurait eu le sentiment d’avoir trahi ce type. Ce n’était tout de même pas sa faute. Alors, je lui ai adressé un grand sourire pour la rassurer, tout en lançant à Stan :

— Elle peut y aller. J’ai tout enregistré.

J’ai eu le temps de voir le soulagement se peindre sur le visage de Bethany, avant de pivoter sur ma chaise pour me tourner vers Stan. Il savait que je mijotais quelque chose, j’en étais persuadée, mais il n’a rien dit.

C’est à ce moment-là qu’une jeune vampire est entrée dans la pièce. Elle ne s’était pas annoncée : il était clair qu’elle était attendue. Pourtant, Stan n’avait pas ouvert la bouche... C’était une fille qui devait avoir une vingtaine d’années quand elle avait troqué le sommier à lattes contre la planche en sapin. Un bon choix : Bethany se sentirait relativement rassurée avec elle. Stan aurait-il été compatissant ? La fille s’est penchée vers Bethany pour lui prendre la main, en souriant de toutes ses dents (ses canines étaient rétractées, heureusement).

— On va rentrer, d’accord ? lui a-t-elle gentiment proposé.

— Oh, génial ! s’est écriée Bethany. Euh... vous allez vraiment me reconduire chez moi, hein ? s’est-elle inquiétée.

Mais la revenante avait déjà rivé ses yeux clairs aux siens.

— Tu ne garderas aucun souvenir de ce qui s’est passé aujourd’hui, lui a-t-elle murmuré. Tu ne te rappelleras que la soirée à laquelle tu es allée.

— Une... soirée ? a bredouillé Bethany d’une voix pâteuse.

— Oui. Tu étais invitée à une soirée, souviens-toi. Une super soirée, a poursuivi la vampire en entraînant Bethany hors de la pièce. Tu as d’ailleurs rencontré un grand type brun plutôt pas mal. Tu es même sortie avec lui. Vous aviez un peu bu, mais...

J’espérais qu’elle lui laisserait un joli souvenir...

La porte ne s’était pas refermée que, déjà, Stan m’interrogeait :

— Alors ?

— Bethany croit que le videur de la boîte en sait davantage. Elle l’a vu entrer dans les toilettes juste après Farrell et le jeune vampire tatoué.

Au début, Stan n’a pas eu l’air de comprendre de qui je parlais (si les vampires devaient faire attention à tous les humains qui travaillent pour eux !). Ce que j’ignorais, moi – et je me voyais mal poser la question à Stan Davis, leader de la plus importante congrégation de vampires du Texas –, c’était si les vampires couchaient ensemble. Le sexe et le sang humain étaient si intimement liés, pour eux, que je voyais mal un vampire avoir ce genre de relation avec un autre mort-vivant. À moins que les vampires ne se sucent mutuellement le sang ? Quand l’existence d’un vampire était en jeu, je savais qu’un autre vampire pouvait lui donner son sang pour le sauver. Mais c’était un cas extrême, et je n’avais jamais entendu parler d’autres circonstances où de telles « transfusions » se pratiquaient. Peut-être que je pourrais aborder le sujet avec Bill, un soir... sur l’oreiller.

— Donc, ce que vous avez découvert dans la tête de cette fille, c’est que Farrell est venu au club, qu’il s’est éclipsé aux toilettes avec un autre vampire, un adolescent blond tatoué aux cheveux blonds, a récapitulé Stan, et que l’homme chargé de la sécurité du club est entré dans les toilettes pendant que les deux vampires s’y trouvaient.

— Exact.

Il y a eu un long silence. Stan devait sans doute réfléchir aux dispositions qu’il convenait de prendre, au vu des derniers éléments qui venaient d’être portés à sa connaissance. Quant à moi, j’attendais patiemment, ravie de ne pas avoir à partager les tergiversations intérieures de mon «employeur ». Rien ne me parvenait de ses pensées, pas la moindre vision, pas même le plus vague aperçu.

De toute façon, il était extrêmement rare qu’on puisse avoir de tels flashes avec les vampires. Je n’avais appris que récemment que c’était possible, mais je n’en avais jamais eu avec Bill. Voilà pourquoi j’appréciais tant sa compagnie. Pour la première fois de ma vie, je pouvais avoir une relation normale avec un homme. Bon, d’accord, « normale » était peut-être excessif. Ce n’était pas vraiment un homme et il n’était pas vraiment vivant. Mais on ne peut pas tout avoir.

J’ai soudain senti la main de Bill sur mon épaule. À croire qu’il avait lu dans mes pensées... Ça m’a fait un bien fou. J’ai posé ma main sur la sienne, à défaut de pouvoir lui sauter au cou. Mieux valait éviter ce genre de démonstration d’affection devant Stan. Ça aurait pu lui donner soif...

— Nous ne connaissons pas le vampire qui accompagnait Farrell, a conclu Stan.

Tout ça pour ça ? C’était bien la peine d’avoir cogité si longtemps ! Quoique... Peut-être Stan avait-il d’abord eu l’intention de me fournir de plus amples explications, avant de se raviser, estimant sans doute que j’étais trop bête pour comprendre. Je m’en fichais. En fait, il valait mieux pour moi qu’il me sous-estime. L’inverse aurait été beaucoup plus dangereux.

— Et qui est le videur de La Chauve-Souris ?

— Un humain qui se fait appeler Rambar, m’a répondu Stan avec une indéniable pointe de dégoût dans la voix. Il est fasciné par notre univers.

Rambar avait donc dégoté le job de ses rêves : il travaillait avec des vampires, pour des vampires et passait toutes ses nuits en compagnie de vampires. Pour quelqu’un qui vouait un culte aux revenants, il avait décroché la timbale.

— Mais qu’est-ce qu’il peut bien faire quand un vampire commence à s’énerver ?

Pure curiosité de ma part, je l’avoue.

— Il n’est payé que pour s’occuper des humains. Force nous a été de constater qu’un vampire avait tendance à abuser de sa force.

Je vous laisse imaginer...

— Est-ce qu’on peut faire venir ce Rambar ici ?

— Il sera là dans quelques minutes.

Étonnant de la part de quelqu’un qui n’avait appelé personne, n’avait pas sorti son portable et n’avait apparemment appuyé sur aucun bouton. Stan pouvait probablement entrer en contact avec ses semblables à distance. Je n’avais jamais vu ça auparavant et j’étais sûre qu’Éric et Bill ne communiquaient pas mentalement. Stan avait sans doute un don particulier.

En attendant, Bill est venu s’asseoir à côté de moi et m’a pris la main. Ça m’a touchée. J’ai ressenti une grosse bouffée d’amour pour lui. Mais il fallait que je veille à rester calme et détendue : je devais garder toute mon énergie pour l’interrogatoire à venir. Je ne pouvais cependant pas m’empêcher de repenser à ce que Bethany m’avait involontairement appris. Je revoyais le décor de La Chauve-Souris, les clients au comptoir...

— Oh, non !

Les deux vampires se sont raidis, sur le qui-vive.

— Quoi, Sookie ? a demandé Bill.

Stan semblait sculpté dans la glace. Ses yeux étincelaient comme deux émeraudes brillant de mille feux.

Dans ma précipitation, je me suis mise à bafouiller :

— Le type qui... Le curé ! Celui qui s’est enfui à l’aéroport, celui qui m’a agrippée par le bras. Il était au bar !

Il était habillé différemment et, sur le moment, je n’avais pas fait le rapprochement. Mais à présent, j’en étais sûre.

— Je vois, a murmuré Bill.

Bill avait une mémoire infaillible. Le visage de cet homme serait à jamais gravé dans son esprit, je pouvais compter sur lui.

— Je n’ai pas cru à son déguisement, à l’aéroport. Et maintenant que je sais qu’il était au club la nuit où Farrell a disparu...

Il y a eu un silence chargé d’électricité.

— Quoi qu’il en soit, cet homme, ce faux prêtre, n’aurait jamais pu emmener Farrell dans un endroit où il ne voulait pas aller, même avec l’aide de ses deux compagnons, a objecté Stan.

— Je me suis mise à admirer mes mains et je n’ai pas soufflé mot. Je ne voulais pas être celle qui jetterait le pavé dans la mare. Bill, tout aussi prudent, n’a rien dit non plus. Finalement, c’est Stan Davis lui-même qui a mis les pieds dans le plat. D’après Bethany, quelqu’un accompagnait Farrell quand il est entré dans les toilettes du club. Un vampire que je ne connais pas.

J’ai hoché la tête, en regardant ailleurs.

— Ce vampire a donc dû participer à l’enlèvement de Farrell, a-t-il poursuivi.

— Est-ce que Farrell est gay ? ai-je demandé, comme si cette question venait juste de me traverser l’esprit.

— Il aime les hommes, oui, a confirmé Stan. Vous pensez que...

— Je ne pense rien du tout !

Et j’ai secoué la tête avec une emphase toute théâtrale pour bien lui montrer à quel point je ne pensais pas. Bill m’a broyé la main. Aïe !

Le silence est retombé, de plus en plus pesant. Heureusement, la jeune vampire qui avait raccompagné Bethany est revenue. Elle a fait entrer un homme, une armoire à glace que j’avais aperçue dans les souvenirs de Bethany. Il ne ressemblait pourtant pas à la vision qu’elle en avait. Il avait moins de muscles, plus de graisse et il était beaucoup moins séduisant qu’elle ne le voyait. Il avait même l’air plutôt négligé. Il n’en demeurait pas moins parfaitement identifiable : c’était bien Rambar (avec un nom pareil, j’aurais dû me douter qu’il aurait tout d’un Rambo de pacotille).

Dès le début, j’ai compris qu’il y avait quelque chose qui clochait. Il a pénétré dans la salle d’un pas alerte, un large sourire aux lèvres, attitude pour le moins étrange. N’importe quel homme sain d’esprit aurait eu la frousse de se retrouver mêlé à une embrouille qui concernait les vampires. Et ce, même avec une conscience blanche comme neige.

Je me suis levée et me suis dirigée vers Rambar. Il m’a regardée approcher avec une impatience fébrile. On aurait dit un chiot attendant une caresse de sa maîtresse.

— Salut ! ai-je dit en lui tendant la main.

J’ai lâché la sienne aussi vite que la correction m’y autorisait et j’ai reculé d’un pas.

Comme Stan levait vers moi un regard interrogateur, j’ai déclaré :

— Eh bien, pour avoir une case de vide, il a une case de vide !

— Mais encore ?

— Ça baigne, m’sieu Stan ? lui a lancé Rambar.

J’aurais mis ma tête à couper que personne n’avait jamais parlé sur ce ton à Stan Davis, du moins pas au cours des cinq cents dernières années.

— Je vais bien, Rambar. Et vous ?

Il faut reconnaître que Stan Davis savait faire preuve d’un stoïcisme admirable, à l’occasion.

— Oh, moi, vous savez, j’peux pas aller mieux, s’est écrié Rambar en secouant la tête avec un air émerveillé de gamin devant son premier sapin de Noël. Chuis l’fils de pute le plus veinard du monde – s’cusez, m’dame.

— Il n’y a pas de mal.

— Que lui est-il arrivé, Sookie ? s’est enquis Bill.

— On lui a brûlé le cerveau. Je ne vois pas comment expliquer ça autrement. J’ignore ce qu’on lui a fait exactement, parce que je n’ai jamais vu un truc pareil avant, mais quand j’essaie de lire dans ses pensées, je ne trouve rien qu’un gros trou. C’est comme si Rambar avait eu besoin de se faire enlever l’appendice et que le chirurgien lui avait enlevé tout l’intestin, et peut-être même le foie avec, juste pour être sûr. Vous savez, quand vous remplacez une partie de la mémoire de quelqu’un ?

J’ai balayé la pièce de la main pour montrer que j’incluais tous les vampires.

— Eh bien, quelqu’un a ôté un bon morceau de l’esprit de Rambar, mais n’a rien mis à la place. On pourrait dire qu’il a subi une sorte de lobotomie, ai-je ajouté, prise d’une subite inspiration.

Vu que je n’étais pas très douée à l’école, à cause de mon petit problème, je me réfugiais dans la lecture. Les livres me permettaient d’échapper à ma condition de «monstre ». J’ai toujours énormément lu. Je dois être ce qu’on appelle une autodidacte.

— Donc, tout ce que Rambar savait de la disparition de Farrell a été effacé ? m’a demandé Stan.

— Exactement. Ainsi que pas mal de composantes de sa personnalité et un tas d’autres souvenirs par-dessus le marché.

— Est-il toujours opérationnel ?

— Eh bien... euh... oui, je crois.

Je n’avais jamais vu un tel travail de sape, jamais même imaginé que c’était possible.

— Mais je ne sais pas s’il fera encore un videur très efficace, ai-je ajouté pour être tout à fait honnête.

— Étant donné qu’il a été molesté dans le cadre de son travail, nous allons nous occuper de lui. Peut-être pourra-t-il participer au nettoyage du club, après la fermeture.

À en juger par l’intonation qu’il avait adoptée, il était clair que Stan tenait à ce que je prenne bien note de cette preuve de son immense générosité. Les vampires aussi pouvaient faire preuve de compassion, ou, tout au moins, d’esprit de justice. Stan Davis voulait que je garde ça à l’esprit.

— Ça s’rait trop cool ! s’est écrié Rambar, rayonnant. Merci, m’sieu Stan.

— Reconduis-le chez lui, a ordonné Stan à l’intention de la vampire qui lui servait manifestement de larbin.

La fille est repartie sans un mot, le type lobotomisé attaché à ses pas comme un gentil toutou bien dressé.

— Qui a pu faire un tel massacre ? C’est du travail de boucher ! s’est exclamé Stan, probablement plus consterné par le mauvais usage qui avait été fait des pouvoirs des vampires que par l’état dans lequel ce « boucher » avait mis un misérable humain.

N’étant pas venu là en tant qu’investigateur, mais pour me protéger, Bill n’a pas jugé bon de répondre. C’est à ce moment-là qu’est entrée une grande femme rousse : la vampire que j’avais vue dans le club, non loin de Farrell, la nuit où il avait disparu.

— Avez-vous remarqué quelque chose d’anormal, le soir de la disparition de Farrell ?

Je ne m’étais pas embarrassée du protocole. La vampire n’a pas semblé apprécier. Elle a montré les crocs avec un grondement de molosse. La blancheur étincelante de ses canines formait un contraste violent avec le carmin de son rouge à lèvres longue tenue.

— Réponds ! a aboyé Stan.

La rousse a instantanément changé de visage, toute expression agressive quittant aussitôt ses traits comme si on les avait lissés au fer à repasser.

— Je ne m’en souviens pas, a-t-elle affirmé.

La mémoire infaillible de Bill n’était donc pas une caractéristique des vampires, mais bel et bien un don qui lui était propre.

— Je ne me rappelle pas avoir vu Farrell plus d’une ou deux minutes, a-t-elle précisé.

Stan s’est tourné vers moi.

— Pouvez-vous faire à Rachel ce que vous avez fait à la serveuse de La Chauve-Souris ? m’a-t-il demandé.

— Non.

Peut-être avais-je répondu un petit peu trop vite, et d’un ton un peu trop catégorique.

— Je ne peux pas lire dans les pensées des vampires, ai-je précisé. Pour moi, l’esprit d’un vampire est comme une page blanche.

Bill a pris le relais.

— Vous rappelez-vous un garçon blond – l’un des nôtres – qui devait avoir environ seize ans ? a-t-il demandé à la vampire rousse. Il arborait d’étranges tatouages, paraît-il.

— Ah, oui ! s’est aussitôt exclamée Rachel. Ses tatouages dataient du temps des Romains, je crois. Ils étaient un peu primitifs, mais intéressants. Je me suis interrogée à son sujet, parce que je ne l’avais jamais vu dans le coin. Je veux dire qu’il n’est jamais venu demander à Stan son permis de chasse.

Tiens donc ! Les vampires de passage sur le territoire d’un des leurs étaient donc obligés de signaler leur présence. J’ai gardé ça en mémoire, à toutes fins utiles.

— Il était avec un humain ou, du moins, il s’est entretenu avec lui, a poursuivi la vampire à la chevelure flamboyante.

Elle portait un jean et un sweat-shirt vert qui me paraissait beaucoup trop chaud pour la saison. Mais les vampires se moquent bien de la température extérieure. Elle a jeté un coup d’œil à Stan, puis à Bill, qui lui a fait signe de continuer.

— C’était un homme aux cheveux noirs avec une moustache, si mes souvenirs sont bons, a-t-elle précisé avec un geste vague de la main qui signifiait clairement : « Ils se ressemblent tous. »

Après le départ de Rachel, Bill a demandé à Stan s’il y avait un ordinateur dans la maison. Stan a acquiescé en dévisageant Bill avec curiosité. Il a semblé encore plus intrigué quand Bill lui a demandé s’il pouvait l’utiliser, en s’excusant de ne pas avoir pris la peine d’apporter son portable. Stan a de nouveau hoché la tête. Sur le point de quitter la pièce, Bill s’est tourné vers moi.

— Ça va aller, Sookie ? s’est-il inquiété.

— Bien sûr, ai-je répondu en m’efforçant de prendre un ton serein.

Stan a renchéri :

— Elle ira très bien. Elle a encore d’autres gens à voir, de toute façon.

J’ai acquiescé, et Bill est sorti. J’ai souri à Stan (mon sourire de façade quand je suis stressée. Ce n’était pas ce qu’on peut appeler un sourire radieux, mais c’était quand même mieux que de hurler).

— Cela fait longtemps que vous êtes ensemble, Bill et vous ? m’a demandé Stan.

— Quelques mois.

Moins Stan en saurait sur nous, mieux cela vaudrait pour tout le monde.

— Vous vous plaisez en sa compagnie ?

— Oui.

— Vous l’aimez ?

Ça semblait l’amuser.

— Ça ne vous regarde pas, ai-je rétorqué avec un sourire jusqu’aux oreilles. Vous avez bien dit que j’avais encore des gens à voir ?

Employant la même technique qu’avec Bethany, j’ai tenu la main d’une demi-douzaine d’inconnus et passé au crible une demi-douzaine de cerveaux bourrés de pensées toutes plus rasoir les unes que les autres. Bethany avait manifestement été la plus observatrice. Les autres personnes présentes dans le club au même moment (dont une autre serveuse, le barman et un mordu, c’est-à-dire un humain qui prend plaisir à se faire mordre par des vampires) n’avaient que de vagues souvenirs sans intérêt et une très mauvaise mémoire. J’ai tout de même découvert que le barman volait de la marchandise au club pour la refourguer ensuite, et après son départ, j’ai conseillé à Stan de le licencier, sous peine de se retrouver impliqué dans une sale affaire avec une enquête de police à la clé. Stan a semblé plus impressionné par cette information que je ne m’y attendais. Il n’aurait pas fallu non plus qu’il en vienne à ne plus pouvoir se passer de mes services...

Quand Bill est revenu, j’en avais presque terminé avec le dernier employé du club. Bill avait l’air content de lui. J’en ai déduit que ses recherches avaient abouti. Dernièrement, il avait passé le plus clair de son temps sur son ordinateur. Une nouvelle passion qui commençait à me taper sérieusement sur le système, entre parenthèses.

— Le vampire tatoué s’appelle Godric, a-t-il annoncé dès que Stan et moi avons été seuls avec lui dans la pièce. Mais depuis une centaine d’années, il est plus connu sous le nom de Godefroy. C’est un repentant.

Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais moi, j’étais sciée. En quelques minutes, Bill avait fait un superbe travail d’investigation.

Quant à Stan, il avait l’air atterré.

— Il s’est allié avec les radicaux, des humains antivampires. Et il a déjà programmé son suicide, m’a expliqué discrètement Bill, profitant du silence de Stan, visiblement absorbé dans de sombres réflexions. Ce Godefroy a l’intention de « s’offrir au soleil », comme ils disent. Il ne peut plus supporter l’existence qu’il mène en ce bas monde.

— Et il a décidé d’entraîner son petit copain avec lui ?

 

Godefroy aurait donc prévu d’exposer Farrell à la lumière du jour en même temps que lui ?

— Il nous a vendus à la Confrérie, a lâché Stan dans un souffle rauque.

«Vendus » est un mot qui fait franchement mélo, mais je n’ai même pas songé à ricaner quand Stan l’a prononcé. J’avais entendu parler de la Confrérie, sans toutefois avoir jamais rencontré un de ses membres. La Confrérie du Soleil était pour les vampires ce que le Ku Klux Klan avait été pour les Noirs. Le nombre de ses adeptes augmentait de jour en jour aux États-Unis.

Une fois de plus, je me retrouvais en eaux troubles. Et beaucoup trop loin des côtes, hélas, pour espérer rejoindre un jour la terre ferme à la nage...

Disparition a Dallas
titlepage.xhtml
Harris,Charlaine-[la communaute du sud-2]Disparition a Dallas.(Living Dead in Dallas).(2002).French.ebook.AlexandriZ_split_000.htm
Harris,Charlaine-[la communaute du sud-2]Disparition a Dallas.(Living Dead in Dallas).(2002).French.ebook.AlexandriZ_split_001.htm
Harris,Charlaine-[la communaute du sud-2]Disparition a Dallas.(Living Dead in Dallas).(2002).French.ebook.AlexandriZ_split_002.htm
Harris,Charlaine-[la communaute du sud-2]Disparition a Dallas.(Living Dead in Dallas).(2002).French.ebook.AlexandriZ_split_003.htm
Harris,Charlaine-[la communaute du sud-2]Disparition a Dallas.(Living Dead in Dallas).(2002).French.ebook.AlexandriZ_split_004.htm
Harris,Charlaine-[la communaute du sud-2]Disparition a Dallas.(Living Dead in Dallas).(2002).French.ebook.AlexandriZ_split_005.htm
Harris,Charlaine-[la communaute du sud-2]Disparition a Dallas.(Living Dead in Dallas).(2002).French.ebook.AlexandriZ_split_006.htm
Harris,Charlaine-[la communaute du sud-2]Disparition a Dallas.(Living Dead in Dallas).(2002).French.ebook.AlexandriZ_split_007.htm
Harris,Charlaine-[la communaute du sud-2]Disparition a Dallas.(Living Dead in Dallas).(2002).French.ebook.AlexandriZ_split_008.htm
Harris,Charlaine-[la communaute du sud-2]Disparition a Dallas.(Living Dead in Dallas).(2002).French.ebook.AlexandriZ_split_009.htm
Harris,Charlaine-[la communaute du sud-2]Disparition a Dallas.(Living Dead in Dallas).(2002).French.ebook.AlexandriZ_split_010.htm
Harris,Charlaine-[la communaute du sud-2]Disparition a Dallas.(Living Dead in Dallas).(2002).French.ebook.AlexandriZ_split_011.htm
Harris,Charlaine-[la communaute du sud-2]Disparition a Dallas.(Living Dead in Dallas).(2002).French.ebook.AlexandriZ_split_012.htm
Harris,Charlaine-[la communaute du sud-2]Disparition a Dallas.(Living Dead in Dallas).(2002).French.ebook.AlexandriZ_split_013.htm